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La Virus du Nil occidental

Professionnels de la santé

Le virus du Nil occidental appartient à une famille de virus connus sous le nom de flaviviridés. Il a été identifié pour la première fois en Afrique en 1937. Au Canada, l’infection à virus du Nil occidental est une maladie à déclaration obligatoire à l’échelle nationale, provinciale et territoriale. Les professionnels de la santé sont encouragés à surveiller chez leurs patients les symptômes de l’infection à virus du Nil occidental et à demander des tests en laboratoire. Tous les cas probables et confirmés d’infection à virus du Nil occidental doivent être déclarés aux autorités provinciales ou territoriales de la santé.

Considérations diagnostiques

L’infection à virus du Nil occidental devrait être envisagée pour tout patient :

  • qui a une maladie fébrile ou neurologique aigüe;
  • qui a récemment été exposé à des moustiques ou qui a reçu une transfusion de sang ou une greffe d’organe.

C’est particulièrement le cas pendant l’été. Le diagnostic devrait aussi être envisagé pour tout bébé né d’une mère infectée par le virus du Nil occidental pendant la grossesse ou l’allaitement.

Diagnostic différentiel

L’infection à virus du Nil occidental devrait être envisagée pour le diagnostic différentiel lorsque les maladies suivantes sont soupçonnées :

  • encéphalite et méningite aseptique (p. ex. infection à herpès simplex, infection à entérovirus);
  • infection à d’autres arbovirus (p. ex. encéphalite de La Crosse, encéphalite de Saint-Louis, encéphalite équine de l’Est, encéphalite Powassan).

Signes et symptômes

La majorité des infections humaines à virus du Nil occidental sont subcliniques ou asymptomatiques.

La plupart des personnes qui ont des symptômes sont atteintes d’une maladie systémique aigüe fébrile qui peut inclure :

  • céphalée;
  • faiblesse;
  • myalgie;
  • arthralgie;
  • symptômes gastrointestinaux (nausées et vomissements), souvent décrits, pouvant entraîner la déshydratation.

Une éruption maculopapuleuse transitoire, à tendance morbilliforme et non prurigineuse, peut aussi être présente. Elle prédomine habituellement sur le torse et les extrémités, mais la paume et la plante sont épargnées. L’éruption cutanée peut être transitoire, durant moins de 24 heures chez certaines personnes. Une éruption cutanée est plus souvent observée chez les jeunes et les personnes âgées.

Moins de 1 % des personnes infectées développent une maladie neuroinvasive, qui se manifeste habituellement sous forme de méningite aseptique, d’encéphalite ou de syndrome de type poliomyélitique.

Maladie neuroinvasive du Nil occidental

Il est impossible de différentier cliniquement la méningite du Nil occidental de la méningite virale.

La méningite du Nil occidental est un syndrome clinique grave qui se manifeste habituellement par une fièvre et une altération de l’état mental, des convulsions, des déficits neurologiques focaux ou des troubles du mouvement comme des tremblements ou un parkinsonisme. Cette manifestation est plus fréquemment observée chez les personnes âgées, en particulier les personnes âgées de plus de 50 ans, de même que chez les personnes immunodéprimées.

La paralysie flasque aiguë causée par le virus du Nil occidental est en général cliniquement et pathologiquement identique à la poliomyélite associée au poliovirus, avec une atteinte des cellules des cornes antérieures pouvant évoluer en paralysie respiratoire nécessitant une ventilation artificielle.

La poliomyélite causée par le virus du Nil occidental se présente souvent sous forme de parésie ou de paralysie d’un seul membre et peut survenir sans fièvre ni prodrome viral apparent.

De rares occurrences de dysrythmie cardiaque, de myocardite, de rhabdomyolyse, de névrite optique, d’uvéite, de choriorétinite, d’hyalite, d’orchite, de pancréatite, d’hypertension, de néphropathie et d’hépatite ont été décrites chez des patients atteints d’une infection à virus du Nil occidental.

Infection à virus du Nil occidental et grossesse

La majorité des femmes dont on sait qu’elles ont été infectées par le virus du Nil occidental pendant leur grossesse ont accouché de bébés ne montrant pas de traces d’infection ni d’anomalies cliniques manifestes.

Infection à virus du Nil occidental et enfants

La fièvre est présente chez la majorité des enfants atteints d’une infection à virus du Nil occidental symptomatique. Parmi ceux qui développent une maladie neuroinvasive, la méningite est la manifestation la plus courante, mais des cas graves, voir fatals, d’encéphalite, de poliomyélite, de rhombencéphalite et d’hépatite ont tous été décrits chez des enfants atteints d’une infection à virus du Nil occidental. Comme chez les adultes, les enfants immunodéprimés peuvent être plus susceptibles d’être rendus gravement malades.

Évaluation clinique

Les études cliniques en laboratoire de routine sont généralement non spécifiques. Chez les patients atteints de maladie neuroinvasive, l’examen du liquide céphalorachidien montre généralement une pléiocytose lymphocytaire, quoique les neutrophiles peuvent prédominer au début de l’évolution de la maladie. Les résultats de tests d’imagerie par résonance magnétique du cerveau sont fréquemment normaux, mais des anomalies de signal dans les noyaux gris centraux, le thalamus et le tronc cérébral peuvent être observées chez les patients atteints d’encéphalite, et dans les cellules des cornes antérieures de la moelle épinière chez les patients atteints de poliomyélite.

Le diagnostic en laboratoire se fait habituellement par la réalisation de tests de détection des anticorps IgM propres au virus du Nil occidental dans le sérum ou le liquide céphalorachidien. Il est habituellement possible de détecter les anticorps IgM propres au virus du Nil occidental de 3 à 8 jours après l’apparition de la maladie. Ils persistent pendant de 30 à 90 jours, mais une persistance plus longue a toutefois été décrite. La présence positive d’anticorps IgM peut donc parfois révéler une infection passée. L’absence d’anticorps IgM propres au virus détectables dans le sérum prélevé dans les 8 jours suivant l’apparition de la maladie n’exclut pas un diagnostic d’infection à virus du Nil occidental. Le test pourrait devoir être répété au moyen d’un échantillon prélevé plus tard.

Traitement

Il n’existe pas à l’heure actuelle de traitement de référence contre l’infection à virus du Nil occidental. La prise en charge clinique est un traitement de soutien. Les patients ayant de graves symptômes méningés ont souvent besoin de mesures d’atténuation de la douleur pour les céphalées, ainsi que de mesures antiémétiques et de réhydratation pour les nausées et les vomissements connexes. Les patients atteints d’encéphalite doivent être étroitement surveillés pour éviter une augmentation de la pression intracrânienne et des convulsions. Les patients atteints d’encéphalite ou de poliomyélite devraient être surveillés pour éviter l’apparition d’une incapacité à protéger les voies aériennes. Une insuffisance respiratoire aiguë d’origine neuromusculaire peut se développer soudainement, et une aide respiratoire prolongée peut être nécessaire.

Pronostic

La plupart des patients atteints d’une infection à virus du Nil occidental non neuroinvasive ou de méningite du Nil occidental se remettent complètement, mais la fatigue, le malaise et la faiblesse peuvent persister pendant des semaines, voire des mois.

Les patients qui se remettent d’une encéphalite ou d’une poliomyélite causée par le Nil occidental ont souvent des déficits neurologiques résiduels. Chez les patients atteints de maladie neuroinvasive, le ratio de mortalité global est d’environ 10 %. Ce ratio est beaucoup plus élevé chez les patients atteints d’encéphalite ou de poliomyélite causée par le virus du Nil occidental que chez les patients atteints de méningite du Nil occidental.

Prévention

Il n’existe pas de vaccin contre le virus du Nil occidental pour les humains. La prévention de l’infection à virus du Nil occidental dépend :

  • des programmes communautaires de lutte contre les moustiques, pour réduire la densité des vecteurs de la maladie;
  • des mesures de protection personnelles, pour réduire l’exposition aux moustiques infectés;
  • du dépistage des donneurs de sang et d’organes.

Les mesures de protection personnelle incluent le port de chandails, de chemises ou de blouses à manches longues, le port de pantalons longs et la limitation du temps passé à l’extérieur entre le crépuscule et l’aube. L’utilisation de la climatisation, l’installation de moustiquaires aux portes et aux fenêtres et la réduction des sites de reproduction des moustiques autour de la maison peuvent réduire encore le risque d’exposition au virus du Nil occidental.

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